Nous sommes invité à une table ronde sur “Les ambitions du réemploi dans la construction à Montpellier” ; Altémed étant la fusion entre ACM habitat et la SERM-SA3M.
Autour de la table nous trouvons différents acteurs de la construction et du réemploi :
Justine Jullian, directrice de l'innovation Altémed et animatrice de cette table ronde
Yves Alain Lienard, Co-fondateur Mas-Reemploi
Awen Gillet, Responsable achats de Valdélia
Emmanuel Baguet, Gérant de Horizon BTP & président d’Occitanie désamiantage
Jean-Paul Laurent et Alexis Lautier, architectes DPLG maitres de conférence et TPCAU de l’Ecole d’architecture de Montpellier
Eric Allodi, PDG & Co-fondateur d’Upcyclea
Dimitri Deveze, directeur de production ACM
Le premier sujet abordé est celui des filières à responsabilité élargie des producteurs, la REP. La REP récupère la responsabilité des fabricants produit. Sans cela, réglementairement, la responsabilité de la traçabilité des produits revient aux fabricants. La REP permet la coordination entre les acteurs de la construction avec les actions du réemploi. Leur objectif est d’intervenir le plus en amont d’un chantier pour engager un maximum de réemploi. Parmi les objectifs cités : en 2028 la REP espère pouvoir faire 5% de réemploi quant aux déchets de bâtiments et de travaux publics traités aujourd’hui.
La suite de la table ronde peut se résumer en quelques mots:
L’éducation, la réglementation, la temporalité, la valorisation financière, et l’aspect juridique.
Ce sont ces points qu’il faut travailler dans les temps à venir, du moins, ce sont sur ces sujets qu’Altémed compte mettre en place des workshops intensifs pour intégrer le réemploi dans l’économie de la construction.
M. Baguet témoigne qu'il s’applique à faire du réemploi depuis 17ans mais que jusqu’à présent il n’est pas rémunérateur : c’est un des gros frein à l’application du réemploi dans la construction. Aujourd’hui, cela commence à prendre plus de place dans leur démarche de démolition. La mise en place de magasins éphémères durant les déconstructions est un bon exemple. Toujours est-il, cela représente une faible part de l’économie du projet. Pour avoir d’avantage d’efficacité il faudrait plus d'accompagnement à la maitrise d’oeuvre (AMO) durant la phase avant chantier.
ACM habitat a également appliqué cette approche de réemploi à travers un travail d’AMO et de magasin éphémère sur le projet de déconstruction des barres Saturne et Uranus dans le quartier de la Mosson. Ce projet montre comment il est possible d’intégrer une dépose sélective dans les prescriptions du chantier. Grâce à cela, 300 m3 de pierres de Castries auront l’occasion d’être réemployées. Tout comme une partie des sanitaires, du mobilier et des menuiseries qui apparaîtront sur un magasin éphémère durant un weekend courant Mars 2023.
Notre point de vue à MAS quant à l’intégration du réemploi dans l’économie du chantier se situe premièrement dans les clauses et les prescriptions liées au chantier. En effet, tout comme pour les clauses sociales, si des clauses imposent un pourcentage réemploi dans les missions de construction et démolition cela forcerait l’intégration du réemploi dans l’économie. Malheureusement il est encore souvent plus rentable pour les entreprises de faire recours à de l’enfouissement pour leurs déchets de chantier. Il y a effectivement un manque de sensibilisation au réemploi ainsi qu'un manque de méthodologie à appliquer au chantier. Ce ne sont pas encore des pratiques démocratisé même si nous travaillons sur chaque maillon de la chaîne du reemploi pour parvenir à cela.
Les intervenants de l’ENSAM nous ont fait part de leur expérience suite à un chantier réemploi au Mas Mirabaud. C’est un projet où 30% d’intégration de matériaux réemployés a été atteint. Aujourd’hui cela est possible car le projet reste un travail expérimental où ils se sont dédouané des contraintes de temps, d’argent et d’assurabilité du projet. Malgré ce fait, cela apporte un nouveau regard sur la manière de construire pour les futurs architectes de l’ENSAM. La convention entre MAS et l’ENSAM a pour objectif d’appuyer et d’approfondir l’intégration du réemploi dans la construction, notamment en s’attaquant au sujet de la traçabilité des matériaux qui est une étape nécessaire à l’assurabilité du projet.
C’est sur ce sujet qu’est intervenu Eric Allodi d’Upcyclea qui constate un problème de rentabilité dans la chaîne du reemploi. Leurs interventions sont de caractériser les gisements et de les réintégrer dans la chaîne de la construction. Ce sont des facilitateurs de liens ce qui permet de répartir répartissent les coûts liés au réemploi. Leur solution pour traiter le problème de rentabilité du réemploi dans un projet est d’industrialiser les processus de réemploi.
Ce qui complexifie le réemploi est la caractère spécifique lié à chaque projet et à chaque matériaux. C’est là que nous retrouvons les surcoûts liés à nos interventions de réemploi. C’est l’attention et le temps de recherche qui s’applique au caractère spécifique de chaque projet. À travers nos différentes interventions nous avons tout de même pu constater qu'il est possible de réduire les surcouts voir même de rentabiliser le réemploi sur un chanter. Nous avons également pu constater que si le réemploi est prévu assez en amont cela n'impacte pas la temporalité d'un chantier.
Ce que nous pouvons rajouter aux cinq thèmes discutés à cette table ronde est le travail en collaboration et les échanges entre les structures. En effet la collaboration plutôt que la concurrence servirait l’économie naissante (ou plutôt re-naissante) du réemploi. C'est là qu'Altémed intervient en facilitateur de liens entre les acteurs locaux. Rappelons tout de même que l’objectif est surtout de faire des économies carbones à grande échelle.